Module 3 : La définition de l’économie circulaire des appareils numériques
L’économie circulaire des appareils numériques peut s’entendre comme l’extension de la vie utile des appareils numériques par le biais d’une amélioration de la fabrication et de la réutilisation, une maximisation des impacts sociaux positifs des appareils et une minimisation du besoin de nouveaux appareils et des déchets électroniques.
La "meilleure utilisation" aussi longtemps que possible
La circularité concerne la "conception de l’élimination des déchets et de la pollution, la conservation des produits et matériaux utilisés et la régénération des systèmes naturels". Dans le contexte des appareils numériques, la circularité cherche à atteindre la meilleure utilisation des appareils en maximisant leur durée de vie. Elle contribue ainsi à décarboner l’environnement. La circularité peut cependant également contribuer à limiter les inégalités sociales en rendant les appareils numériques disponibles aux personnes qui n’y ont autrement pas accès et en créant des emplois dans le cadre de la réparation ou du reconditionnement des appareils numériques. Même lorsque l’on est en mesure d’acheter un appareil entièrement neuf, ceci ne signifie nullement que notre environnement naturel, notre société et notre économie peuvent se le permettre.
Du point de vue des investissements, l’économie circulaire se définit ainsi : "Dans un modèle économique linéaire, nous fonctionnons avec un déficit de capital naturel, accumulant une dette que nous avons envers les générations futures. L’objectif principal d’une économie circulaire est l’élimination d’un tel déficit." Une définition de l’économie circulaire basée sur les résultats la présente comme étant "un modèle économique permettant de répondre aux besoins humains et de distribuer les ressources de manière équitable sans préjudice au fonctionnement de la biosphère ou dépasser les limites planétaires1 ".
Les 3R : réduire, réutiliser, recycler
Certains processus circulaires sont plus "circulaires" – ou meilleurs – que d’autres. Tout cela dépend de la mesure des efforts de réduction et de réutilisation, puis enfin seulement de recyclage, telles que le propose la règle des 3R.
Cette règle a pour objectif de maximiser les avantages pratiques des produits et de minimiser la production de déchets. La bonne application de la règle des 3R peut présenter plusieurs avantages. Elle peut contribuer à prévenir les émissions de gaz à effet de serre, limiter les polluants, économiser l’énergie, protéger les ressources, créer des emplois et stimuler le développement des technologies vertes. Cette simple règle propose un ordre de préférence :
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Réduire : « réduction » et « minimisation » sont d’autres noms pour cette même stratégie. Moins de déchets sont produits car le gaspillage est évité. Il s’agit ici notamment de réparer des produits (à domicile ou dans une boutique de réparation), de limiter les emballages et de produire des emballages réutilisables, d’élaborer des politiques de promotion de la réduction des déchets, telles que celles qui luttent contre l’utilisation des sacs plastiques à usage unique. Chaque fois que nous faisons réparer un appareil numérique, plutôt que d’en acheter un nouveau, nous réduisons les déchets.
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Réutiliser : il s’agit de la réutilisation d’un objet avec la même fonction que celle pour laquelle il a initialement été produit, mais par des personnes autres que les propriétaires initiaux. C’est dans cette catégorie qu’entrent tous les sites web et marchés de vente d’occasion et de troc d’appareils numériques. Les appareils numériques ont souvent besoin d’être reconditionnés. Cela inclut de vérifier la fonctionnalité de l’appareil, de faire l’inventaire des éléments matériels, de nettoyer les composants et données et de réaliser les éventuelles réparations nécessaires.
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Recycler : sont ici inclus le démontage, la fragmentation, le désassemblage ou la séparation des éléments d’un produit jeté, et la conversion en des matériaux pour un autre produit ou processus. Dans certains pays, si un produit aux composants potentiellement réutilisables a déjà intégré le flux des déchets, il peut être préparé en vue d’une réutilisation, mais uniquement par les personnels de gestion des déchets agréés. Dans d’autres pays, de telles restrictions n’existent pas et les produits circulent de manières formelles et informelles entre les différentes étapes des processus de réutilisation et de recyclage. Les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), ou déchets électroniques, sont généralement réglementés par la loi1, mais ces lois sont appliquées avec différents niveaux de sérieux et de capacité selon les pays du monde.
Les 3R ne sont eux-mêmes pas circulaires. Tout dépend de l’ordre d’application et des décisions qui sont prises. Pour qu’il y ait circularité, il est nécessaire que la valeur ajoutée demeure dans le produit aussi longtemps que possible et que les déchets soient éliminés2, ou d’être engagé en faveur de la mission des mouvements zéro déchet. Les trois principes d’une économie circulaire peuvent être résumés ainsi : 1) conception de l’élimination des déchets de la pollution, 2) conservation des produits et matériaux utilisés et 3) régénération des systèmes naturels.
Des diagrammes utiles pour illustrer l’économie circulaire
Toute activité économique circulaire qui doit de prendre en compte les piliers économiques, sociaux et environnementaux de la durabilité afin d’identifier une zone de faisabilité viable pour chacun des piliers.
Le modèle d’affaires tridimensionnel (BMC) est une manière pratique et utile d’aborder, de concevoir et de représenter ces trois dimensions1. Il donne un aperçu de la manière dont les entreprises créent de la valeur en incluant une approche tridimensionnelle de la durabilité du bas vers le haut. « Les entreprises » ou « les affaires » sont ici à entendre comme toute organisation qui cherche à transformer sa communauté grâce à des profits sociaux (redistribution) et environnementaux (régénération), et qui n’est pas principalement centrée sur la génération de profits économiques (extraction).
Figure 6 : Le modèle d'affaires tridimensionnel: Les dimensions économiques, du cycle de vie environmentale et des parties prenantes sociales.
Tel que l’indique la structure globale de la Figure 6, le modèle d’affaires tridimensionnel est composé d’une dimension économique (qui repose sur le BMC d’origine), d’une dimension de cycle de vie environnemental et d’une dimension relative aux parties prenantes sociales. Chaque dimension est répartie en trois sections : la création de valeur (à gauche), l’apport de valeur (à droite) et la collecte de valeur (en bas). Les parties prenantes, et notamment les entreprises ou entrepreneurs sociaux, ou les institutions gouvernementales, peuvent se servir de ce modèle pour avoir une compréhension de haut niveau approfondie des relations entre les aspects économiques, environnementaux et sociaux de leur modèle d’affaires ou d’organisation.
Cette illustration démontre comment ces trois aspects fluctuent et s’équilibrent et donnent une idée de la faisabilité et de la durabilité d’une organisation. Parmi les activités qui pourraient s’inscrire dans ce modèle figurent une entreprise sociale pour la collecte et le reconditionnement d’ordinateurs et de téléphones portables en vue de leur réemploi ; une usine de traitement des déchets électroniques ; ou une équipe qui vient en aide aux personnes vulnérables afin qu’elles puissent utiliser de manière efficace des appareils numériques reconditionnés dans leur vie de tous les jours.
Il existe de nombreuses autres représentations de l’économie circulaire soulignant ses différents aspects. La Figure 7 est un schéma générique de l’économie circulaire créé par la Fondation Ellen MacArthur.
Figure 7 : Schéma de l'économie circulaire réalisé par la fondation Ellen MacArthur.
La Figure 8 présente les processus d’une économie circulaire générique d’un point de vue des politiques publiques, élaborés par un conseil régional au Canada. Le point de vue générique des parties prenantes est donné à la Figure 9 par l’organisation caritative britannique Waste and Resources Action Programme (WRAP).
Figure 8 : L'économie circulaire en général, accompagnée de recommendations politiques Source: Recycling Council Ontario)
Figure 9 : Illustration des processus de l'économie circulaire par le WRAP.
Les diagrammes suivants présentent des appareils numériques selon un modèle circulaire. Le premier (Figure 10) est tiré du secteur de la normalisation des télécommunications de l’UIT (UIT-T)1. Il établit une distinction importante pour les biens des technologies de l’information de la communication (TIC) entre la fin de vie d’un cycle d’utilisation, qui peut s’arrêter avec le recyclage, l’élimination dans une décharge ou le retour à l’utilisation par le biais d’un reconditionnement/réemploi, et la fin du dernier cycle de vie, lorsqu’un produit part au recyclage ou dans une décharge. La Figure 11 s’intéresse à une durée de vie prolongée incluant différents cycles de réutilisation autour de la phase d’utilisation, impliquant directement les citoyens, le reconditionnement professionnel local ou la fabrication et refabrication au niveau mondial, avec des phases de reconditionnement en usine dans l’optique de créer le minimum de fuite de déchets électroniques vers des décharges et un minimum d’intrants de matières premières.
Figure 10 : Les flux de cycle de vie matérielle des biens des TIC. Source: ITU-T Supplement 28
Figure 11 : Léconomie circulaire des appareils numériques. Source: Franquesa 2018.
Le modèle Value Hill : les processus de l’économie circulaire des appareils numériques
L’économie circulaire inclut plusieurs processus au cours du cycle de vie d’un appareil numérique. Ces processus sont interdépendants et créent de nouvelles boucles au sein du cycle de vie élargi d’un appareil numérique.
Figure 12 : Le modèle Value Hill (Source: The Sustainable Finance Lab, 2016).
Le modèle Value Hill de l’économie circulaire1 propose une compréhension de la manière de positionner ces processus en termes de valeur (utilité) dans un contexte circulaire. Tel qu’indiqué à la Figure 12, la valeur augmente à mesure que le produit est élaboré dans la phase de pré-utilisation (montée à gauche). La surface place représente la phase d’utilisation d’un appareil, au moment où la valeur du produit est à son maximum. Après un cycle d’utilisation, la valeur du produit décroît tout au long de phase post-utilisation (descente à droite).
Les choix circulaires dans chacun des processus de ces trois phases sont interreliés. Les choix opérés lors de la montée peuvent contribuer à, et prolonger, la phase d’utilisation, et faciliter une descente plus lente. Le réemploi, le reconditionnement et l’entretien d’un appareil, facilité par une conception de produit circulaire, peuvent remettre des appareils en utilisation, sur la phase plane en hauteur. Enfin, la récupération de composants et de matériaux est facilitée par la prise de bonnes décisions lors des processus de conception circulaire et de fabrication.
L’économie circulaire tente de préserver les appareils en tant que ressources dotées de la valeur la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible. La valeur peut inévitablement diminuer, mais des processus régénérateurs peuvent redonner aux appareils une valeur supérieure grâce au reconditionnement, à la réparation et à la maintenance afin de trouver et de satisfaire les besoins de nouveaux utilisateurs, ou une valeur inférieure grâce à la récupération de composants, au recyclage accompagné de la récupération de tous les composants utiles ou à la minimisation de l’impact de la fraction irrécupérable des composants (matériaux séparés, compacts ou traités avec des substances toxiques pour éviter les dommages).
La circularité ne peut pas être tout et n’importe quoi
Le concept d’économie circulaire peut devenir trop élastique. Sa signification peut varier considérablement en fonction des intérêts de la personne qui la définit. Par exemple, est-ce circulaire de brûler des déchets pour la génération d’énergie ?
Le langage de l’économie circulaire et de la circularité est parfois utilisée à mauvais escient, à des fins d’écoblanchiment (greenwashing), sans véritablement limiter les impacts négatifs sur l’environnement, la société et l’économie. Les idées telles que le « charbon vert » ou le « marketing vert », qui se servent de « logos verts », peuvent mettre en péril la différence radicale entre une approche de la « ressource pérenne » et du « déchet en devenir ».
La circularité implique la régénération de ressources sur de multiples cycles, et non sur quelques cycles choisis seulement. L’économie circulaire ressemble actuellement à une spirale économique vers le bas : les déchets électroniques sont toujours produits et les ressources ne sont pas toutes entièrement régénérées à leur valeur d’utilisation initiale1 ; les produits ne sont pas recyclés à plusieurs reprises et on peu de cycles de réemploi ; et la durée de vie des produits est limitée par les composants non remplaçables et le manque de modularité et d’évolutivité des appareils. Ceci signifie que des évaluations transparentes des impacts, la disponibilité des données et la réglementation et la certification de la circularité sont très importantes.
Quelques termes et définitions utiles
Conformément au modèle de Value Hill, nous pouvons regrouper les processus circulaires en trois phases de durée de vie des appareils numériques : la pré-utilisation (ou intrants), l’utilisation et la post-utilisation (ou produits).
La phase de pré-utilisation
Les décisions relatives à la conception et à la fabrication déterminent l’utilisation de matières premières, douloureusement extraites de la nature1, ou l’utilisation de matières premières secondaires, collectées et recyclées dans le cadre d’une extraction urbaine.
Une mine urbaine fait référence aux métaux rares jetés parmi les déchets électroniques qui peuvent être récupérés par le biais de traitements mécaniques ou chimiques.
L’extraction minière artisanale est un mode d’extraction en grande partie manuelle pratiquée par des individus, des groupes ou des communautés2.
L’extraction industrielle à grande échelle fait référence à un mode de production mécanisé réalisé par de grandes entreprises, souvent internationales3. Ces pratiques minières sont parfois qualifiées d’industries extractives ou d’« extractivisme ».
Les minéraux de conflits sont des minéraux extraits dans une zone où règne un conflit armé, et qui sont souvent vendus de manière illicite pour financer le conflit. Parmi les minéraux de conflits figurent les suivants :
• la columbite-tantalite (ou « coltan », terme utilisé en Afrique), dont on extrait le tantale. Le tantale sert principalement à fabriquer des condensateurs tantale.
• La cassitérite est le principal minerai servant à produire de l’étain, indispensable à la production de boîtes de conserve et éléments de soudure des circuits imprimés des équipements électroniques.
• la wolframite est une importante source de tungstène. Le tungstène est un métal très dense. Il sert, notamment, dans les mécanismes de vibration des téléphones portables.
• l’or sert dans l’électronique des connecteurs. Il est également présent dans d’autres composés chimiques utilisés dans certains processus de fabrication de semi-conducteurs.
Ceux-ci sont communément appelés les "3T et l’or", ou simplement "les 3T".
Les équipements électriques et électroniques (EEE)4 incluent une large gamme de produits contenant des composants de circuits électriques dotés d’une alimentation électrique ou d’une pile. Les EEE comptent parmi les principaux contributeurs au réchauffement climatique et à notre crise des déchets.
Un fabricant d’équipement d’origine (OEM) est une entreprise qui produit des pièces détachées et équipements, qui peuvent être vendus par un autre fabricant. Un exemple d’OEM est Foxconn, une entreprise taïwanaise d’électronique qui fabrique des pièces détachées et des équipements pour d’autres entreprises, telles que Apple, Dell, Google, Huawei et Nintendo.
Services de fabrication d’électronique (EMS) est un terme utilisé pour les entreprises qui conçoivent, fabriquent, testent, distribuent et fournissent des services de retour/réparation pour les composants électroniques et les assemblages des OEM.
L’objectif de conserver la valeur la plus élevée aussi longtemps que possible va à l’encontre du concept d’obsolescence, qui a lieu lorsqu’un produit n’est plus réparable ou qu’il se détériore alors qu’il peut toujours être en état de fonctionner.
L’obsolescence technique intervient lorsqu’un nouveau produit ou technologie dépasse l’ancienne (un appareil « nouvelle génération »).
L’obsolescence programmée est une politique de planification ou de conception d’un produit doté d’une durée de vie utile artificiellement limitée, afin qu’il devienne obsolète (c.-à-d. dépassé ou plus fonctionnel) après un certain temps. Les fabricants s’en servent pour entraîner des volumes de vente à long terme en réduisant la durée entre des achats répétés.
La responsabilité élargie du producteur (REP) dans le domaine de la gestion des déchets est une stratégie qui consiste à ajouter l’ensemble des coûts environnementaux associés à un produit tout au long de son cycle de vie au prix de vente du produit. La REP encourage les fabricants à concevoir des produits respectueux de l’environnement en tenant les producteurs pour responsables des coûts de prise en charge de leurs produits à la fin de leur vie.
La conception écologique ou écoconception est une approche de la conception qui accorde une attention particulière aux impacts environnementaux du produit tout au long du cycle de vie.
L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode d’évaluation des impacts environnementaux associés à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit, d’un processus ou d’un service commercial. Dans le cas d’un produit manufacturé, par exemple, les impacts environnementaux sont évalués depuis l’extraction et le traitement des matières premières (« berceau »), pendant la production du produit, sa distribution et son utilisation est jusqu’au recyclage ou à l’élimination finale des matériaux qui le composent (« tombeau »). Ces évaluations peuvent s’étendre pour inclure les impacts économiques et les impacts sociaux.
Le passeport numérique d’un produit fait référence à un portail ou une base de données en ligne où toute personne peut accéder à des informations sur la durabilité du produit. Cette initiative est en cours d’élaboration active dans la région de l’UE et par l’UIT-T à l’échelle mondiale, et cible à la fois les industries et les consommateurs.
De nombreux processus dans la vie d’un appareil numérique impliquent des efforts humains. Ces activités sont parfois reconnues comme un travail protégé par des lois et des conventions, mais une partie est informelle, susceptible de donner lieu à des abus. Par exemple, contrairement aux pressions croissantes sur la supervision des conditions de travail dans le domaine de la fabrication, de nombreuses autres activités de l’économie circulaire ne sont même pas reconnues comme du travail : l’extraction minière artisanale, les réparations informelles ou la manipulation informelle des déchets électroniques.
Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il regroupe l’accès à un travail productif et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, la liberté pour les individus d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, et l’égalité des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes.
Le travail informel est un travail qui ne s’appuie pas sur un arrangement formel soutenu par la loi ou par la pratique. Il peut être rémunéré ou non rémunéré et est toujours non structuré et non réglementé.
Le processus d’approvisionnement des organisations publiques et privées inclut généralement l’acquisition de biens ou de services, ou le travail d’une source externe, souvent par l’intermédiaire d’un processus de soumissions ou d’appel d’offres. Les politiques, les choix et les dispositions de l’approvisionnement sont essentiels pour respecter les standards environnementaux, professionnelles, de sécurité et de qualité.
Le marché public (également connu sous le nom d’approvisionnement public) est, dans le contexte appareils numériques, l’achat volumineux de ces appareils (ordinateurs, imprimantes, serveurs, etc.) par les gouvernements ou des entreprises de l’État. Les marchés publics ont représenté 12 % du PIB mondial en 2018. Cela signifie que les gros contrats d’approvisionnement public ont tiré profit de leur pouvoir pour veiller à plus de transparence et un meilleur respect des réglementations de la part des fabricants et autres parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement.
La phase d’utilisation
Lors de la phase d’utilisation, les appareils peuvent être utilisés et transférés pour réemploi jusqu’à ce qu’ils ne soient plus d’aucune utilité.
La valeur d’usage s’entend comme la notation de l’utilité d’un produit à une fin donnée. Elle peut être comparée à une "valeur d’échange", qui considère le prix d’un produit sur le marché. La valeur d’échange peut parfois être en concurrence avec la valeur d’usage1. Par exemple, un ordinateur neuf à un prix très bas peut inciter à l’achat plutôt qu’au souhait de continuer à utiliser un ancien ordinateur.
La valeur d’usage nulle qualifie la fin de vie d’un appareil.
Les ressources électroniques (e-ressources) : équipements électriques ou électroniques (EEE), pièces détachées ou composants qui peuvent procurer un avantage en servant à une fonction ou en étant utilisés par une personne6.
La durée de vie d’un produit est la durée pendant laquelle un produit est utilisé pour la fonction pour laquelle il a été conçu (ou fonction primaire). (Voir « obsolescence »).
Le réemploi est l’action ou la pratique d’utiliser un article, que ce soit dans sa fonction initiale (réemploi conventionnel) ou pour remplir une nouvelle fonction (réemploi créatif ou réaffectation). Il doit être distingué du recyclage, qui consiste à démonter des articles usagés pour obtenir des matières premières pour la fabrication de nouveaux produits.
L’effet de substitution est le fait que la prolongation de la vie utile d’appareils numériques contribue à limiter la nécessité de fabriquer de nouveaux appareils. En outre, il crée des occasions de satisfaire des usages d’appareils numériques moins exigeants, à un coût économique et environnemental bien moindre que celui d’acheter de nouveaux appareils. Il inclut le fait que le reconditionnement est souvent réalisé localement, alors que la nouvelle production a généralement lieu dans de grandes usines très loin.
L’extension de la durée de vie des produits fait référence à la prolongation du cycle de fonctionnement de produits et de composants grâce à la réparation, la mise à jour ou la revente.
Le reconditionnement est un processus utilisé pour remettre un produit en état de fonctionnement satisfaisant, sans procéder à d’importantes modifications du produit7.
La refabrication consiste à redonner à un produit ou composant usagé ses performances initiales, avec la garantie qu’il soit équivalent ou mieux qu’un produit nouvellement fabriqué8. La refabrication implique le fabricant d’origine, sa marque et sa certification, contrairement au reconditionnement réalisé par une tierce partie.
La servitisation est le processus de création de valeur en ajoutant des services à des produits. Il ne s’agit pas de posséder un produit matériel, mais bien plutôt d’inclure un accord de service qui comprend généralement l’entretien (p. ex. avoir accès à un ordinateur en état de marche pendant une certaine période plutôt que de posséder un ordinateur donné).
La mutualisation d’appareils numériques, comme celle d’autres biens collectifs, est un système (communautaire) de ressources auquel contribuent toutes les parties prenantes par le biais de dons, d’entretien, de données et d’autres contributions, puisque la mutualisation génère des services informatiques utiles à leurs bénéficiaires. La conception institutionnelle de la gouvernance collective est nécessaire pour orienter les participants, à l’aide de limites prédéfinies, de suivi et de processus décisionnels collectifs, afin d’assurer un fonctionnement correct en termes sociaux, environnementaux et économiques : garantir la prospérité tout en évitant la tragédie des biens communs.
La localité se réfère à la proximité. En termes socio-économiques, la localité porte sur les effets de nos interactions sociales ou économiques sur les autres. L’engagement auprès d’acteurs locaux est un acte de soutien qui apporte des avantages supplémentaires à la communauté (recirculation de valeur et d’argent), contrairement aux interactions non locales, qui peuvent n’avoir aucun effet positif sur la communauté environnante (la valeur et l’argent locaux sont extraits). En termes environnementaux, la localité limite, notamment, l’impact des transports et évite les effets négatifs de la concentration (élimination de déchets très loin dans des pays ou régions moins réglementés, etc.).
La logistique inverse est l’inspection et la réévaluation de l’état actuel d’un produit, sa redistribution/réemploi et sa refabrication.
La phase de post-utilisation
Cette phase inclut l’élimination ou la collecte d’appareils numériques, le recyclage et le réemploi des matériaux récupérés.
Les déchets sont les produits ou matériaux non désirés ou inutilisables jetés après utilisation. Un déchet peut devenir une ressource grâce à une intervention qui élève sa valeur au-dessus de zéro.
Les déchets électroniques (e-déchets) sont les équipements et composants électriques et électroniques jetés au rebut sans intention de le réutiliser9.
La ferraille inclut les matériaux recyclables résiduels générés durant la fabrication et la consommation. Contrairement aux déchets, la ferraille a une valeur matérielle, surtout en ce qui concerne les métaux récupérés.
La nouvelle ferraille est la ferraille générée par les processus de fabrication. Sa composition est connue, généralement très pure et d’origine. Elle peut souvent être recyclée au sein d’une usine de traitement et réutilisée à nouveau en tant que ressource secondaire.
La vieille ferraille, ou ferraille post-consommateurs, qualifie les matériaux contenus dans des produits parvenus à la fin de leur vie utile. Il s’agit souvent d’un mélange de matériaux de rebut, tels que les plastiques ou alliages, ce qui signifie que le recyclage nécessite des processus plus détaillés pour une récupération adéquate.
Le recyclage est le processus de récupération de la ferraille ou de conversion de matériaux jetés en de nouveaux matériaux et objets. La recyclabilité d’un matériau dépend de sa capacité à acquérir à nouveau les propriétés qu’il avait à l’état vierge ou d’origine.
Le surcyclage (également connu en tant que réemploi créatif), est le processus de transformation de produits dérivés, de matériaux jetés et inutilisables ou non désirés en de nouveaux matériaux ou produits qui peuvent, par exemple, acquérir une valeur pratique, artistique ou environnementale.
Le décyclage est le recyclage de déchets dans lesquels le matériau recyclé est de moindre qualité et fonctionnalité que le matériau d’origine.
La valeur recyclable est une notation de la valeur d’un appareil numérique en fonction de la valeur des matières premières et du coût de leur recyclage10. Cette valeur peut être positive ou négative. Si elle est négative, le recyclage ne sera possible qu’avec une contribution économique compensant le coût du recyclage.
Une décharge, également connue sous le nom de dépotoir ou de déchetterie, est un site d’élimination des déchets. Les décharges sont un énorme problème pour les gens et pour l’environnement. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il est question de déchets électroniques qui contiennent, notamment, des matériaux toxiques et des matériaux qui ne se corrodent pas aisément.
Références
[1] Gladek, E. (2019, 15 Août). The Seven Pillars of the Circular Economy. Metabolic. https://www.metabolic.nl/news/the-seven-pillars-of-the-circular-economy
[2] Le décret 110/2015 en Espagne, ainsi que d’autres lois et réglementations dans de nombreux pays mais pas tous. Voir: https://globalewaste.org/map
[3] Commission européenne. (2014). Vers une économie circulaire : programme zéro déchet pour l’Europe. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=celex%3A52014DC0398
[4] Joyce, A. (2015, 17 April). The triple layered business model canvas – a tool to design more sustainable business models. SustainableBusinessModel.org. https://sustainablebusinessmodel.org/2015/04/17/the-triple-layered-business-model-canvas-a-tool-to-design-more-sustainable-business-models
[5] ITU-T. (2016). Circular economy in information and communication technology: definition of approaches, concepts and metrics. Supplement 28 to ITU-T L-Series Recommendations. http://handle.itu.int/11.1002/1000/13151
[6] Achterberg, E., Hinfelaar, J., & Bocken, N. (2016). Master Circular Business with the Value Hill. Circle Economy & Sustainable Finance Lab. https://www.circle-economy.com/resources/master-circular-business-with-the-value-hill
[7] Un appareil réutilisé, plus durable, qu’un nouvel appareil ou un appareil reconditionné, mais l’utilisateur individuel peut ne pas être d’accord. La maturité de la technologie, la conception faite pour durer est un bon reconditionnement font toute la différence.
[8] “Ecological amputation” as the physical removal of ecosystems in open-pit mega-mining. See Gudynas, E. (2018). Extractivisms: Tendencies and consequences. In R. Munck & R. Delgado Wise (Eds.), Reframing Latin American Development. Routledge. http://gudynas.com/wp-content/uploads/GudynasExtractivismsTendenciesConsquences18.pdf
[9] Stoop, N., Verpoorten, M., & van der Windt, P. (2019). Artisanal or industrial conflict minerals? Evidence from Eastern Congo. World Development Journal, 122, 660-674. https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2019.06.025
[10] Ibid.
[11] StEP Initiative. (2014). Solving the E-Waste Problem (StEP) White Paper: One Global Definition of E-waste. StEP Initiative/United Nations University. https://step-initiative.org/files/_documents/whitepapers/StEP_WP_One%20Global%20Definition%20of%20E-waste_20140603_amended.pdf
[12] Franquesa, D., & Navarro, L. (2018). Devices as a Commons: Limits to premature recycling. In Proceedings of the Second Workshop on Computing within Limits (LIMITS ’18). ACM. https://computingwithinlimits.org/2018/papers/limits18-franquesa.pdf
[13] Ils sont définis par contraste avec les EEE indésirables ou inutilisables que sont les déchets électroniques.
[14] ITU-T. (2019). Circular economy: Definitions and concepts for material efficiency for information and communication technology. Recommendation ITU-T L.1022. http://handle.itu.int/11.1002/1000/13962
[15] Ardente, F., Peiró, L. T., Mathieux, F., & Polverini, D. (2018). Accounting for the environmental benefits of remanufactured products: Method and application. Journal of Cleaner Production, 198, 1545-1558. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652618319796
[16] Baldé, C. P., Forti, V., Gray, V., Kuehr, R., & Stegmann, P. (2017). The Global E-waste Monitor – 2017. United Nations University (UNU), International Telecommunication Union (ITU) & International Solid Waste Association (ISWA). https://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/gen/D-GEN-E_WASTE.01-2017-PDF-E.pdf
[17] Franquesa, D., & Navarro, L. (2018). Op. cit.
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